PAR LA FENÊTRE
Projection de la mer céréalière sur la maison Claudel
“Ici, j’ouvre mes volets, tous les jours je vois mes vakes qui vont au pré et tous les jours c’est différent, j’ai jamais la même carte postale derrière mes volets.”
Madeleine - Agricultrice dans l'Aisne
Le Compost a conçu le conte Kamishibai "PAR LA FENÊTRE" à partir des contes ICI 1 et ICI 2 de Bruno de La Salle et le conte Yiddish de Chelm à Varsovie de Sarah Schulmann.
Véritable outil pédagogique pour récolter la parole des jeunes sur le regard qu'ils portent aux paysages qu'ils sillonnent. Chaque représentation auprès des élèves de primaires et de collège a donné lieu à des productions de leur part (graphique, orale, écrite).
Nous vous donnons à voir ici la correspondance établie entre la classe de CM2 de l'école primaire de Jules Ferry de Fère-en-Tardenois et 7 personnes âgées de la maison de retraite ORPEA Paul Claudel autour de leur vue depuis la fenêtre. Cliquez sur les images pour découvrir les textes.
"Je voyais les champs depuis ma fenêtre.
Mon oncle était cultivateur, moi je l’aidais, je coupais les blés, je faisais les moissons et les foins, on arrachait les betteraves ensemble.
C’était ça ou l’usine, moi je préférais le travail aux champs.
J’ai eu huit enfants, quatre filles et quatre garçons, alors on ne voyage pas pareil.
Dans mes rêves je ne voyage pas, je ne rêve plus du tout depuis que je prend des médicaments pour dormir.
J’ai quatre vingt quatorze ans, je ne me souviens plus de tout ça.
Ici, depuis la fenêtre de la maison de retraite, je vois le réfectoire depuis ma chambre et le collège, la jeunesse. "
Mme Rémy, le 19 janvier 2021
... C’était ça la campagne comme dirait l’autre.
De l’autre côté de ma maison, il y a mon jardin, avec des framboisiers, des rangées de rhubarbes, des cassissiers, deux gros arbres remplis de bigarreaux jaunes et de bigarreaux Napoléon, des rosiers, ah ça oui j’avais du boulot.
J’aurais aimé prendre l’avion.
Pour ça je suis une risque tout moi.
J’aurai aimé voir le monde d’en haut, depuis le hublot. "
Juliana, le 19 janvier 2021
"J’ai vécue dans le 93 près de Paris. Ma fenêtre à moi donnait sur la voie ferrée. Les trains partaient le matin et revenait le soir, toute la journée, des allers retours sur les rails. Ça faisait beaucoup de bruit, mais c’était vivant. J’ai confectionnée des diadèmes, des couronnes pour les mariées, un travail méticuleux, de précision et puis ensuite j’ai été nounou et là je n’avais plus du tout le temps de regarder par la fenêtre. J’aime beaucoup la jeunesse, m’occuper d’enfants, maintenant par ma fenêtre, j’ai vu sur le collège de Fère-en-Tardenois.
Je crois que je ne veux pas raconter ma vie, c’est mon petit secret, j’aime écouter les autres, rester assisse là dans le réfectoire, je suis bien."
Claudine, le 19 janvier 2021
"Dans mes rêves je passe par une fenêtre et je m’enfonce dans une petite forêt, mon mari marche devant moi et me dit de faire très attention aux ronces.
En réalité, ma fenêtre donnait sur la place du village.
Le lieu de réunion c’était cette place, les enfants attendaient l’autocar. 8h15 il arrive et tous partent vers l’école. C’était une belle place avec des arbres. Il y avait la fête foraine, les gosses ils adoraient leur fête la première semaine de juillet, il y avait deux manèges avec des voitures et un avec des chevaux.
C’était un petit village, mais la fête avec beaucoup de succès, il y avait un bal. Moi je dansais avec des copines, mon mari ne dansait pas.
Tous les habitants venaient à leur fête, ils allaient de fête en fête, de village en village ...
"De ma fenêtre, je voyais mon grand jardin et derrière une colline avec des arbres.
Dans le jardin, je plantais souvent des haricots à rames. J’avais aussi des carottes et des pommes de terre. De l’autre côté de la maison, j’avais une cour avec des poules. Je les nourrissais avec du blé. J’avais aussi un chat qui était souvent avec moi. J’étais souvent très occupée à jardiner. Je préférais le Printemps mais j’aimais aussi l’Automne, saison pendant laquelle je récoltais les légumes. J’aimais bien me promener dans les champs avec mon mari.
Maintenant, j’ouvre la fenêtre et je la referme en vitesse. Ici, je vois les maisons de Fère."
France, le 19 janvier 2021
"Par la fenêtre, je vois mon potager. Voir les légumes pousser, les escargots qui grimpent dans les salades pour les manger. Les arbres fruitiers, les fleurs, des fraisiers, des pruniers, des mirabelliers. Les oiseaux : les rouges gorges, les merles qui mangent les cerises et bien d’autres oiseaux qui mangent les vers de terre. Les hirondelles qui ont fait des nids et leurs petits qui sortent leurs têtes pour se nourrir. "
Simone, le 19 janvier 2021
"De bon matin je contemple le ciel depuis les différentes fenêtres de ma maison et ce dès l’aube.
Au pied de la maison un petit jardin avec un potager. Le jour se lève, au loin un avion fend les airs. Peu à peu on distingue les formes et les couleurs des différents légumes. Chaque jour la nature prend forme et change de couleurs, le jour est levé le soleil brille, malgré les derniers frimas, quelques oiseaux fendent le ciel. J’entends le ronflement de quelques voitures qui sillonnent les routes du village.
Au mois d’avril, les nids d’hirondelles commencent à pulluler le long des rues. Aux fenêtres le ballet des oiseaux coupant l’air en attrapant des moucherons pour nourrir leurs petits qui piaillent en attendant la becquet. Tout cela je le vois depuis ma maison de Latilly.
Maintenant que je suis à Fère-en-Tardenois, de ma fenêtre je contemple le ciel le matin, je scrute le ciel, la météo. L’autre jour je regardais la neige tomber et le tapis blanc qui se formait au sol. "
Muriel, le 19 janvier 2021
"Quand je vois une fenêtre, je me vois rentrer chez moi.
Chez moi ce n’est pas ici, ce n’est pas la maison de retraite, j’ai une vraie maison à La Ferté Milon.
Je n’ai pas de jardin, je ne suis pas jardinier mais alors pas du tout.
Par la fenêtre je vois des arbres et de l’herbe.
Avant j’étais chauffeur routier, j’ai beaucoup voyagé, j’ai deux maisons finalement, une fixe et une sur roue.
Par la fenêtre de mon camion, je vois le Moyen-Orient, l’Allemagne, la Suisse, le pays que j’ai préféré c’est l’Italie, la ville de Tréviglio, la nourriture était si bonne là bas.
Je conduisais un camion grande largeur, des convois exceptionnels, je transportais par exemple des arracheuses de pomme de terre, du matériel de construction. J’ai une photo prise par un autre chauffeur de moi posant devant mon camion à Bagdad. Derrière le pare-brise on pouvait voir une plaque « TINTIN 02 », c’était mon nom de code pour être appelé à la cibi radio.
Mon nom commence par TIN, alors j’en ai ajouté un deuxième et je viens de l’Aisne, voilà pourquoi je me faisais appelée TINTIN 02. Il y a aussi des drapeaux français et des fanions espagnols ramenés d’un voyage, des enseignes lumineuses et des lumières sur le toit, et un gros bibendum Michelin.
Je partais entre vingt-cinq et trente jours, j’étais libre dans ma seconde maison, pas comme ici. "
Yves, 19 janvier 2021
Adresse
02130 Fère-en-Tardenois
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